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Albert Camus une vie

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Lucien Auguste Camus, père d'Albert, est né le  à Ouled-Fayet dans le département d'Alger, en Algérie. Il descend des premiers arrivants français dans cette colonie annexée à la France en 1834, et départementalisée en 1848. Un arrière-grand-père, Claude Camus, né en 1809, venait du bordelais, un bisaïeul, Mathieu Juste Cormery, d'Ardèche et sa femme de Veymerange en Lorraine, mais la famille se croit d'origine alsacienne. Lucien Camus travaille comme caviste dans un domaine viticole dans le hameau de Saint-Paul (aujourd'hui Chebaïta Mokhtar), nommé « le Chapeau du gendarme ». Celui-ci se trouve à 8 km de Mondovi, en langue arabe Dréan, à quelques kilomètres de Bône (Annaba) dans le département de Constantine. Les caves appartiennent à un négociant de vin d'Alger. Lucien épouse le 13 novembre 1909 à Alger (acte de mariage no 932) Catherine Hélène Sintès, née à Birkhadem le 5 novembre 1882, dont la famille est originaire de Minorque en Espagne. En 1910, naît à Alger leur fils aîné Lucien Jean Étienne et, en novembre 1913, leur second fils, Albert. Lucien Auguste Camus est mobilisé comme 2e classe dans le 1er régiment de zouaves en septembre 1914. Atteint à la tête par un éclat d'obus qui l'a rendu aveugle, il est évacué sur l'école du Sacré-Cœur, de Saint-Brieuc, transformée en hôpital auxiliaire, et il meurt, moins d'une semaine après, le 11 octobre 1914.

De son père, Camus ne connaîtra que quelques photographies et une anecdote significative : son dégoût devant le spectacle d'une exécution capitale. Sa mère, en partie sourde, ne sait ni lire ni écrire : elle ne comprend un interlocuteur qu'en lisant sur ses lèvres. Avant même le départ de son mari à l'armée elle s'était installée avec ses enfants chez sa mère et ses deux frères, Étienne, sourd-muet, qui travaille comme tonnelier, et Joseph, rue de Lyon à Belcourt, un quartier populaire d'Alger. Elle y connaît une brève liaison à laquelle s'oppose son frère Étienne14.

« Il y avait une fois une femme que la mort de son mari avait rendue pauvre avec deux enfants. Elle avait vécu chez sa mère, également pauvre, avec un frère infirme qui était ouvrier. Elle avait travaillé pour vivre, fait des ménages, et avait remis l'éducation de ses enfants dans les mains de sa mère. Rude, orgueilleuse, dominatrice, celle-ci les éleva à la dure. »

— Camus dans un brouillon de L'Envers et l'Endroit

Albert Camus est influencé par son oncle, Gustave Acault, chez qui il effectue de longs séjours. Anarchiste, Acault est aussi voltairien. De plus, il fréquente les loges des francs-maçons. Boucher de métier, c'est un homme cultivé. Il aide son neveu à subvenir à ses besoins et lui fournit une bibliothèque riche et éclectique

Albert Camus fait ses études à Alger. À l'école communale, il est remarqué, en 1923, par son instituteur, Louis Germain, qui lui donne des leçons gratuites et l'inscrit en 1924 sur la liste des candidats aux bourses, malgré la défiance de sa grand-mère qui souhaitait qu'il gagnât sa vie au plus tôt. Ancien combattant de la Première Guerre mondiale, où est mort le père du futur écrivain, Louis Germain lit à ses élèves Les Croix de bois de Roland Dorgelès, dont les extraits émeuvent beaucoup le petit Albert, qui y découvre l'horreur de la guerre. Camus gardera une grande reconnaissance à Louis Germain et lui dédiera son discours de prix Nobel. Reçu au lycée Bugeaud (désormais lycée Émir Abd el-Kader), Albert Camus y est demi-pensionnaire. « J'avais honte de ma pauvreté et de ma famille […] Auparavant, tout le monde était comme moi et la pauvreté me paraissait l'air même de ce monde. Au lycée, je connus la comparaison », se souviendra-t-il.

Il commence à cette époque à pratiquer le football et se fait une réputation de gardien de but. Il découvre également la philosophie. Mais, à la suite d'inquiétants crachements de sang, les médecins diagnostiquent, en décembre 1930, une tuberculose, et il doit faire un bref séjour à l'hôpital Mustapha. Il évoquera cette expérience dans son premier essai d'écriture, L’Hôpital du quartier pauvre qui remonte vraisemblablement à 1933. C'est la fin de sa passion pour le football, et il ne peut plus qu'étudier à temps partiel. Son oncle et sa tante Acault, qui tiennent une boucherie dans la rue Michelet, l'hébergent ensuite, rue du Languedoc, où il peut disposer d'une chambre. Camus est alors encouragé dans sa vocation d'écrivain par Jean Grenier qui lui fera découvrir Nietzsche. Il restera toujours fidèle au milieu ouvrier et pauvre qui a été longtemps le sien, et son œuvre accorde une réelle place aux travailleurs et à leurs tourments

 

En juin 1934, il épouse Simone Hié (1914-1970), starlette algéroise enlevée à son ami Max-Pol Fouchet :

« J'ai envie de me marier, de me suicider, ou de m'abonner à L'Illustration. Un geste désespéré, quoi… »

Toxicomane, elle le trompe souvent et leur mariage s'effrite rapidement. En 1935, il adhère au Parti communiste algérien(PCA) qui, alors anticolonialiste et tourné vers la défense des opprimés, incarne certaines de ses propres convictions.

La même année, il commence l'écriture de L'Envers et l'Endroit, qui sera publié deux ans plus tard par Edmond Charlotdans la librairie duquel se retrouvent les jeunes écrivains algérois, tel Max-Pol Fouchet. En 1936, Camus fonde et dirige, sous l'égide du parti, le « Théâtre du Travail », mais la direction du PCA infléchit sa ligne et donne la primauté à la stratégie de l’assimilation et à la souveraineté française. Les militants sont alors poursuivis et emprisonnés. Camus, qui s’accommode mal du cynisme et de la stratégie idéologique, proteste alors contre ce retournement et en connaissance de cause  se fait exclure en 1937. À la rentrée qui suit cette rupture définitive, ne pouvant se résoudre à un théâtre strictement engagé qui ne porte pas la liberté de l'artiste, il crée, avec les amis qui l'ont suivi, le « Théâtre de l'Équipe », avec l'ambition de faire un théâtre populaire.

La première pièce jouée est une adaptation de la nouvelle Le Temps du mépris (1935) de André Malraux, dont les répétitions lui donnent l'occasion de nouer une amitié avec Emmanuel Roblès. Dans le même temps, il quitte le Parti communiste français, auquel il avait adhéré deux ans plus tôt. Il entre au journal créé par Pascal PiaAlger Républicain, organe du Front populaire, où il devient rédacteur en chef. Son enquête Misère de la Kabylie (juin 1939) aura un écho retentissant28. Invité peu après à une projection privée du film Sierra de Teruel que Malraux avait tiré de son roman L'Espoir, Camus lui dit avoir lu L'Espoir huit fois.

En 1940, le Gouvernement général de l'Algérie interdit le journal. Cette même année, Camus se marie avec Francine Faure, sœur de Christiane Faure. Ils s'installent à Paris où il travaille comme secrétaire de rédaction à Paris-Soir sous l'égide de Pascal Pia. Il fonde aussi la revue Rivage. Malraux, alors lecteur chez Gallimard, entre en correspondance avec Camus et « se révèle lecteur méticuleux, bienveillant, passionné de L'Étranger » et il en recommande la publication. Le livre paraît le 15 juin 1942, en même temps que l'essai Le Mythe de Sisyphe (1942), dans lequel Camus expose sa philosophie. Selon sa propre classification, ces œuvres appartiennent au cycle de l'absurde  cycle qu'il complétera par les pièces de théâtre Le Malentendu et Caligula (1944). Il est à noter qu'Albert Camus, venu soigner sa tuberculose dans le village du Chambon-sur-Lignon en 1942-1943, a pu y observer la résistance non-violente à l'holocauste mise en œuvre par la population. Il y écrit Le Malentendu, y trouvant des éléments d'inspiration pour son roman La Peste auquel il travaille sur place.

En 1943, il devient lecteur chez Gallimard et prend la direction de Combat lorsque Pascal Pia est appelé à d'autres fonctions dans la Résistance. En 1944, il rencontre André Gide et un peu plus tard Jean-Paul Sartre, avec qui il se lie d'amitié ; la même année (19 mars) il anime la première représentation de la pièce de Picasso : Le Désir attrapé par la Queue, cette scène est racontée avec humour par Claude Simon dans Le Jardin des Plantes. Le , il est le seul intellectuel occidental à dénoncer l'usage de la bombe atomique, deux jours après le bombardement d'Hiroshima, dans un éditorial resté célèbre publié par Combat

En 1945, à l'initiative de François Mauriac, il signe une pétition demandant au général de Gaulle la grâce de Robert Brasillach, personnalité intellectuelle connue pour son activité collaborationniste pendant la Seconde Guerre mondiale. En 1946, Camus se lie d'amitié avec René Char35. Il part la même année aux États-Unis et, de retour en France, il publie une série d'articles contre l'expansionnisme soviétique — qui deviendra manifeste en 1948, avec le coup de Prague et l'anathème lancé contre Tito.

En 1947, c'est le succès littéraire avec le roman La Peste, suivi deux ans plus tard, en 1949, par la pièce de théâtre Les Justes.

Engagement politique et littéraire

Méfiant à l'égard des idéologies, « dès 1945, Camus écartait toute idée de révolution définitive et soulignait les risques de déviation révolutionnaire. » En octobre 1951, la publication de L'Homme révolté efface toute ambiguïté sur ses positions à l'égard du régime communiste :

« Dans la mesure où Marx prédisait l'accomplissement inévitable de la cité sans classes, dans la mesure où il établissait ainsi la bonne volonté de l'histoire, tout retard dans la marche libératrice devait être imputé à la mauvaise volonté de l'homme. Marx a réintroduit dans le monde déchristianisé la faute et le châtiment, mais en face de l'histoire. Le marxisme, sous un de ses aspects, est une doctrine de culpabilité quant à l'homme, d'innocence quant à l'histoire. Loin du pouvoir, sa traduction historique était la violence révolutionnaire ; au sommet du pouvoir, elle risquait d'être la violence légale, c'est-à-dire la terreur et le procès. »

Ces positions provoquent de violentes polémiques et Camus est attaqué par ses amis. La rupture avec Jean-Paul Sartre a lieu en 1952, après la publication dans Les Temps modernes de l'article de Francis Jeanson qui reproche à la révolte de Camus d'être « délibérément statique ». En outre, il proteste contre la répression sanglante des révoltes de Berlin-Est (juin 1953) et contre l'intervention soviétique à Budapest (octobre-novembre 1956).

En 1954, Camus s'installe dans son appartement parisien du 4 rue de Chanaleilles Dans le même immeuble et durant la même période, habite René Char, poète et résistant françaisn 1.

En 1956, il publie La Chute, livre pessimiste dans lequel il s'en prend à l'existentialisme sans pour autant s'épargner lui-même

La guerre d'Algérie et le prix Nobel

La même année, il lance à Alger L'Appel pour une Trêve Civile, tandis qu'au dehors sont proférées à son encontre des menaces de mort. Son plaidoyer pacifique pour une solution équitable du conflit est alors très mal compris, ce qui lui vaudra de rester méconnu de son vivant par ses compatriotes pieds-noirs en Algérie puis, après l'indépendance, par les Algériens qui lui ont reproché de ne pas avoir milité pour cette indépendance. Haï par les défenseurs du colonialisme français, il sera forcé de partir d'Alger sous protection.

Il démissionne de l'Unesco pour protester contre l'admission de l'Espagne franquiste. C'est un an plus tard, le , que le prix Nobel de littérature lui est décerné41. Interrogé à Stockholm, par un étudiant originaire d'Algérie, sur le caractère juste de la lutte pour l'indépendance menée par le FLN en dépit des attentats frappant les civils, il répond, selon Dominique Birman, journaliste du Monde qui assiste à la scène :

« J’ai toujours condamné la terreur. Je dois condamner aussi un terrorisme qui s’exerce aveuglément, dans les rues d’Alger par exemple, et qui un jour peut frapper ma mère ou ma famille. Je crois à la justice, mais je défendrai ma mère avant la justice »

Le traducteur C.G. Bjurström, lui aussi témoin de l'échange, rapporte beaucoup plus tard une version un peu différente :

« En ce moment, on lance des bombes dans les tramways d’Alger. Ma mère peut se trouver dans un de ces tramways. Si c’est cela la justice, je préfère ma mère. »

Souvent déformée en « Entre la justice et ma mère, je choisis ma mère », cette réponse lui sera reprochée. Elle s'insère pourtant de façon cohérente dans l'œuvre de Camus, qui a toujours rejeté l'idée machiavélienne selon laquelle « tous les moyens sont bons » : c’est tout le sujet développé, par exemple, dans Les Justes.

Préférant une formule d'association, Albert Camus a été contre l'indépendance de l'Algérie et a écrit en 1958, dans la dernière de ses Chroniques Algériennes que « l'indépendance nationale [de l'Algérie] est une formule purement passionnelle ». Il dénonce tout autant l'injustice faite aux musulmans que la caricature du « pied noir exploiteur ». Camus souhaite ainsi la fin du système colonial mais avec une Algérie toujours française, proposition qui a pu paraître contradictoire.

Une partie de la presse littéraire française, de gauche comme de droite, critique ses positions sur la guerre d'Algérie, sur la simplicité de son style et considère son prix comme un monument funéraire. Cette reconnaissance devient alors un fardeau. Blessé par ses détracteurs, notamment son ancien compagnon de route Pascal Pia, en proie au doute, il écrit désormais peu.

Parallèlement, il s'engage dans la défense du droit à l'objection de conscience, entre autres, en parrainant le comité créé par Louis Lecoin, aux côtés d'André BretonJean CocteauJean Giono et l'abbé Pierre. Ce comité obtient un statut, restreint, en décembre 1963, pour les objecteurs.

Sur l'Algérie, il a déclaré :

« J'ai aimé avec passion cette terre où je suis né, j'y ai puisé tout ce que je suis et je n'ai séparé dans mon amitié aucun des hommes qui y vivent…46 »

Le chèque afférent au Nobel lui permet de s'acheter en 1958 une maison à Lourmarin, village du Luberon dans le Vaucluse. Il retrouve dans cette ancienne magnanerie la lumière et les couleurs de son Algérie natale

Les Possédés

Camus n'en reste pas moins prêt à se remettre en question : la récompense du Nobel lui sert aussi à financer son ambitieuse adaptation théâtrale des Possédés de Fiodor Dostoïevski, dont il est également le metteur en scène. Représentée, à partir de janvier 1959, au théâtre Antoine, la pièce est un succès critique et un tour de force artistique et technique : trente-trois acteurs, quatre heures de spectacle, sept décors, vingt quatre tableaux. Les murs se déplacent pour changer la taille de chaque lieu et une énorme plaque centrale tournante permet de rapides changements à vue des décors. C'est au peintre et décorateur de cinéma Mayo, qui a déjà illustré plusieurs de ses ouvrages (L'Étranger - éd. de 1948), que Camus confie la création de ces multiples et complexes décors

Vie privée

Il épouse en premier mariage Simone Hié en 1934 puis, en 1940, en secondes noces, Francine Faure (1914-1979), mère de ses jumeaux. Selon sa fille, Catherine Camus :

« Je sais seulement qu'elle [Francine Faure] l'a toujours aimé. Et lui [Albert Camus], je pense, aussi. Il y a eu d'autres femmes, et d'autres amours. Mais il ne l'a jamais laissée. […]

Elle, elle m'a dit qu'ils s'étaient toujours aimés, et que cela n'avait jamais été médiocre. »

Il a plusieurs liaisons amoureuses, notamment avec Maria Casarès (1922-1996), « l'unique », rencontrée en 1944, interprète de ses pièces de théâtre Le Malentendu et Les Justes52, liaison qui, du fait de son caractère public, aggrava la dépression de Francine ; avec une jeune étudiante américaine, Patricia Blake (1925-2010), rencontrée à New York en 1946 ; avec la comédienne Catherine Sellers (1926-2014), choisie pour interpréter une religieuse dans sa pièce Requiem pour une nonne ; avec Mi (Mette Ivers née en 1933), une jeune Danoise, artiste peintre, rencontrée en 1957 à la terrasse du Flore alors qu'il se trouvait en compagnie d'Albert Cossery et de Pierre Bénichou.

Décès

Monument en hommage à Albert Camus dans la petite ville de Villeblevin, commune où il est décédé d'un accident de voiture le 4 janvier 1960.

Camus fête le jour de l'an de 1960 à sa maison de Lourmarin avec sa famille et des amis, Janine et Michel Gallimard et leur fille Anne. Michel est le neveu de l'éditeur Gaston Gallimard. Le , son épouse Francine et ses deux enfants repartent pour Paris. Camus, qui devait rentrer avec eux, décide finalement de rentrer avec le couple d'amis. Après avoir fait une halte pour la nuit à Thoissey, ils repartent le  au matin à bord de la voiture, une Facel-Vega FV3B, de Michel. Ils empruntent la Nationale 6 (trajet de Lyon à Paris), au lieu-dit Le Petit-Villeblevin, dans l’Yonne.

Michel est le conducteur et Camus se trouve sur le siège avant droit de la voiture, Janine et Anne à l'arrière. Peu après Pont-sur-Yonne, la voiture quitte la route et percute un premier arbre, puis se disloque contre un second, parmi la rangée qui la borde. Les journaux de l'époque évoquent une vitesse excessive (180 km/h), un malaise du conducteur, une crise d'épilepsie provoquée par le défilement des arbres sur la route, ou plus vraisemblablement l'éclatement d'un pneu.

Albert Camus meurt sur le coup. Michel Gallimard, très gravement blessé, mourra six jours plus tard. Les deux femmes s'en sortent indemnes.

Camus est enterré à Lourmarin dans cette région que lui avait fait découvrir son ami, le poète René Char.

En 2011, l'universitaire italien Giovanni Catelli avance l'hypothèse, dans le Corriere della Sera, qu'il aurait été assassiné par le KGB sur ordre du ministre soviétique des affaires étrangères Dmitri Chepilov, Camus ayant reproché à cet homme, dans un article publié dans le journal Franc-Tireurs en mars 1957, la répression de l'insurrection de Budapest.

L'écrivain René Étiemble déclara : « J'ai longtemps enquêté et j'avais les preuves que cette Facel Vega était un cercueil. J'ai cherché en vain un journal qui veuille publier mon article… »

Postérité

Depuis le , les archives de l'auteur sont déposées à la bibliothèque Méjanes (Aix-en-Provence), dont le Centre de documentation Albert Camus assure la gestion et la valorisation.

Le , le quotidien Le Monde affirme que le président Nicolas Sarkozy envisage de faire transférer les restes d'Albert Camus au Panthéon. Dès le lendemain, son fils, Jean Camus, s'oppose à ce transfert, craignant une récupération politique. Sa fille, Catherine Camus, ne se prononce pas

 

Roger Quilliot appelle ce volet de la vie de Camus La plume et l'épée, plume qui lui a servi d'épée symbolique mais sans exclure les actions qu'il mena tout au long de sa vie (voir par exemple le chapitre suivant). Camus clame dans Lettres à un ami allemand son amour de la vie : « Vous acceptez légèrement de désespérer et je n'y ai jamais consenti » confessant « un goût violent de la justice qui me paraissait aussi peu raisonné que la plus soudaine des passions. » Il n'a pas attendu la Résistance pour s'engager. Il vient du prolétariat et le revendiquera toujours, n'en déplaise à Sartre; la première pièce qu'il joue au Théâtre du Travail, Révolte dans les Asturies, évoque déjà la lutte des classes.

Il va enchaîner avec l'adhésion au Parti communiste et son célèbre reportage sur la misère en Kabylie paru dans Alger républicain. Il y dénonce « la logique abjecte qui veut qu'un homme soit sans forces parce qu'il n'a pas de quoi manger et qu'on le paye moins parce qu'il est sans forces. » Les pressions qu'il subit alors vont l'obliger à quitter l'Algérie mais la guerre et la maladie vont le rattraper. Malgré cela, il va se lancer dans la résistance.

Bien qu'il écrive dans Combat et lutte pour des causes auxquelles il croit, Camus éprouve une certaine lassitude. Ce qu'il veut, c'est pouvoir concilier justice et liberté, lutter contre toutes les formes de violence, défendre la paix et la coexistence pacifique, dénoncer tout au long de sa vie la peine de mort, combattre à sa façon pour résister, contester, dénoncer.

En 2013, les éditions Indigène réunissent ses « écrits libertaires » publiés dans Le Monde libertaireLa Révolution prolétarienneSolidaridad Obrera, etc. Un recueil que sa fille, Catherine Camus, défend comme « essentiel »

Les origines espagnoles de Camus s'inscrivent aussi bien dans son œuvre, des Carnets à Révolte dans les Asturies ou L’état de siège, par exemple, que dans ses adaptations de La Dévotion à la Croix (Calderon de la Barca) ou Le Chevalier d'Olmedo (Lope de Vega) Comme journaliste, ses prises de position, sa lutte permanente contre le franquisme, se retrouvent dans de nombreux articles depuis Alger républicain en 1938, des journaux comme Combat bien sûr mais aussi d'autres moins connus, Preuves ou Témoins, où il défend ses convictions, affirme sa volonté d'engagement envers une Espagne libérée du joug franquiste, lui qui écrira « Amis espagnols, nous sommes en partie du même sang et j'ai envers votre patrie, sa littérature et son peuple, sa tradition, une dette qui ne s'éteindra pas. »C'est la profession de foi d'un homme qui est constamment resté fidèle « à la beauté comme aux humiliés. »

Selon Bertrand Poirot-Delpech, les essais sur son œuvre ont abondé juste après sa mort, tandis qu'on rendait très peu compte de sa vie. Les premières biographies ne sont apparues que dix-huit ans après sa mort. Parmi celles-ci, la plus impressionnante est celle de Herbert R. Lottman, un journaliste américain observateur de la littérature européenne pour The New York Times et le Publishers Weekly.

Selon Olivier Todd, ses qualités principales sont la lucidité et l'honnêteté.

Sa célèbre condamnation du principe des attentats frappant des civils, formulée lors de la remise de son prix Nobel en 1957 à Stockholm, demeure un jalon pour le xxie siècle.

Sa critique du productivisme et du mythe du progrès, l'importance qu'il donne à la limite et à la mesure et sa recherche d'un nouveau rapport à la nature ont permis aux partisans de la décroissance de le classer parmi les précurseurs de ce courant.

La fille d’Albert Camus (Catherine) a obtenu la condamnation d’une société de vente aux enchères qui a vendu sans son autorisation une série de lettres rédigées par son père. Ces lettres ont été qualifiées d’œuvres originales éligibles à la protection par le droit d’auteur.

Longtemps après avoir refusé de publier des lettres d'amour de son père (« Ces lettres sont des documents très intimes. ») Catherine Camus autorise la parution de celles échangées avec Maria Casarès, sous le titre Correspondance 1944-1959 dont elle signe l'avant-propos et qui sort en librairie le .

 

 

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Théâtre

Préfaces

Divers

  • « Métaphysique chrétienne et Néoplatonisme », mémoire de fin d'études, 1936
  • « Le témoin de la liberté », Albert Camus, allocution publiée in revue La Gauche, décembre 1948
  • La Dernière Fleur, de James Thurber, traduction d'Albert Camus, Paris, Gallimard, 1952
  • Désert vivant, album de Walt Disney contenant un texte d'Albert Camus, Paris, Société française du livre, 1954
  • Pluies de New York87, impression de voyage, Paris, Gallimard, 1965
  • « Discours de Suède », Paris, Gallimard, 1958 ; réédition, Paris, Gallimard, 1997Réunit le discours du 10 décembre 1957 prononcé à Stockholm et la conférence du 14 décembre 1957 « L'artiste et son temps » prononcée à l'Université d'Upsal.
  • Albert Camus, écrits libertaires (1948-1960) rassemblés et présentés par Lou Marin, Indigène éditions, 2013 
  • Le Premier Homme, roman autobiographique inachevé d'Albert Camus, publié par sa fille en 1994 aux éditions Gallimard.
  • La Postérité du soleil, photographies de Henriette GrindatItinéraires par René Char, Genève, Edwin Engelberts, 1965, ASIN B0014Y17RG; rééditions : Vevey, L'Aire, 1986 ; Paris, Gallimard, 2009.
  • Carnets I, mai 1935-février 1942, Paris, Gallimard, 1962.
  • Carnets II, janvier 1942-mars 1951, Paris, Gallimard, 1964.
  • Carnets III, mars 1951-décembre 1959, Paris, Gallimard, 1989.
  • Journaux de voyage, texte établi, présenté et annoté par Roger Quilliot, Paris, Gallimard, 1978.
  • Les Cahiers Albert Camus, Paris, Gallimard, coll. "Blanche" et "Folio" pour tomes I et VII.
    • Tome I : La Mort heureuse (1971), roman . 
    • Tome II : Paul ViallaneixLe premier Camus suivi de Écrits de jeunesse d'Albert Camus
    • Tome III : Fragments d'un combat (1938-1940) -articles d'Alger-Républicain, mars 1978, 
    • Tome IV : Caligula, version de 1941, théâtre, La poétique du premier Caligula, Albert Camus et A. James Arnold, juin 1984, 189 pages, 
    • Tome V : Albert Camus, œuvre fermée, œuvre ouverte ?, actes du colloque de Cerisy, Raymond Gay-Crosier et Jacqueline Lévi-Valensi, juin 1982, Gallimard, février 1985, 386 pages, (ISBN 2233001508)Présentation [archive]
    • Tome VI : Albert Camus éditorialiste à L'Express (mai 1955-février 1958), Albert Camus et Paul-F. Smets, septembre 1987, 
    • Tome VII : Le Premier Homme (Gallimard, 1994 ; publié par sa fille), roman inachevé ; (ISBN 9780783816012)
    • Tome VIII : Camus à Combat, éditoriaux et articles d'Albert Camus (1944-1947), Jacqueline Lévi-Valensi, éditions Gallimard, 2003, 745 pages,
  • Les Quatre Commandements du journaliste libre, manifeste censuré en 1939, publié pour la première fois par le quotidien Le Monde le 17 mars 2012, après avoir été retrouvé par Macha Séry aux Archives d'Outre-mer à Aix-en-Provence.
  • L'Impromptu des philosophes (1947), pièce en un acte signée du pseudonyme d’Antoine Bailly (publiée dans Albert Camus, Œuvres complètes : Tome II (1944 - 1948)Gallimard, 1390 p. (ISBN 9782070117031)).
  • Le Soir républicain, 25 novembre 1939, Éditions La guêpine, 2017, texte retrouvé récemment dans lequel l'auteur définit les règles d'un journalisme indépendant, (ISBN 978-2-9544894-6-9)

Correspondances

  • Albert Camus - Jean Grenier, Correspondance 1932-1960, notes de Marguerite Dobrenn, Paris, Gallimard, 1981 
  • Albert Camus - Pascal Pia, Correspondance, 1939-1947, présentation et notes de Yves-Marc Ajchenbaum, Paris, Fayard/Gallimard, 2000
  • Albert Camus - Jean Grenier, Louis Guilloux : écriture autobiographique et carnets, Actes des Rencontres méditerranéennes, 2001, Château de Lourmarin, Éditions Folle Avoine, 2003
  • Albert Camus - Jean Sénac, Hamid Nacer-KhodjaAlbert Camus-Jean Sénac ou le fils rebelle, Paris Méditerranée-Edif, 2000, 2004
  • Albert Camus - René Char, Correspondance 1949-1959, présentation et notes de Franck Planeille, Paris, Gallimard, 2007 
  • Albert Camus - Michel Vinaver, S'engager ? Correspondance 1946-1957, Paris, L'Arche, 2012 
  • Albert Camus - André Malraux, Correspondance (1941-1959) et autres textes, Paris, Gallimard, 2016 (
  • Albert Camus, Maria Casarès. Correspondance inédite (1944-1959) (préf. Catherine Camus), Paris, Gallimard - Édition de Béatrice Vaillant, coll. « Blanche », 

 

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Albert Camus adapta différentes pièces de théâtre étrangères.

 

En 1975, le régisseur et acteur Nicou Nitai a traduit et adapté pour un one man show La Chute qui a été jouée sur les scènes du Théâtre de la Simta et Théâtre Karov à Tel Aviv, plus de 3 000 fois

Sources Wilkipèdia.

l'Album photo de Camus

 

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